LE DERNIER PARADIS

Traverser les jungles pour entendre bruire la vie. Regs, steppes et toundras pour écouter leur silence. Longues marches dans les marigots, hamadas et brûlis. Courir à bride abattue guerres et révolutions. Les enfers de lave urbaine comme tous les feux du monde. Rechercher le secret passage entre les cordillères blanches et noires. S’enfuir au milieu des tempêtes tourmentées. Des cascades et des prairies. Descendre dans les profondes crevasses et obscures cénotes. S’évader vers les monstrueux séracs avides de sang. Arpenter les falaises verticales qui soutiennent les sommets et, bravant la mort, se hisser jusqu’à s’épuiser dans l’aire raréfié. A la porte qui marque la frontière. Entre présent et futur. Entre connu et aventure. S’asseoir heureux. Fraîcheur salutaire d’une rizière. Déclinant son tendre vert jusqu'à la frange du désert. Avec eau et paille pour les chevaux. Ombre et natte pour se reposer. Puis repartir trouver enfin la route. S’enquérir du sentier. Piste caravanière, voie processionnelle. La sente des messagers. Pour inscrire ses traces dans celles des poètes aux semelles de vent. Explorateurs et défricheurs. Autant des mondes lointains que des univers intérieurs. Et attendre dans l’horizon bleuté la douceur d’un matin d’été.

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