Perdu dans le vaste espace froid des nuits profondes de Paris. Ville maquerelle à l'esprit maquillé khôl bleu gris. Se laisser glisser dans ses ténèbres épaisses. Goûter le sombre des ruelles, l'obscurité des passages. Dans ses caves, métros, bistrots, côtoyer l'interlope et leurs mélancoliques mystères. Images, odeurs, sons, émotions, entrer tout entier en collision. S'enivrer sans discontinuer. Danse des silhouettes des désaxés. Faussement s'amuser. Poseurs et flambeurs de vie. Purger des reliquats d'adolescence introvertie au milieu d'autres fantômes, vampires et zombies. En mal d'existence, de cohérence. Pieux piétinements pour s'abreuver de pleures, de miasmes et d'errantes vibrations. Nos corruptions, mœurs dépravées. Et nos illusoires aspirations vers les ailleurs et les sommets. Durant le taciturne ennui de cette noire virée, mon âme malade écrit son archipel du goût fade. Grand roman de la soumission des instincts à une culture d'assujettissement. De la nature au divertissement décadent. Soirée peu glorieuse d'un saltimbanque intermittent. S'en aller alors méditer à Notre-Dame et son parvis. Saluer Esméralda et toute la païenne trinité. Remercier les gorgones et les cieux pour toutes ces heures oiseuses. Fuites et libertés. Escapade hors monde, détours luxueux. Ces furieuses heures de détresse, existentiels moments de vie. Nostalgie de l'enthousiasme, euphorie travestie, les clartés diurnes se nourrissent des éblouissements nocturnes. Dans ces indolentes ballades urbaines, inévitables rendez-vous avec son ombre, l'espoir est loin au bout des pas grisés. Prix d'une conscience trop éveillée, trop vive, l'innocence perdue est un affreux poison qui tue.
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